Si le sexe a longtemps érigé comme le ciment du couple, force est de constater que c’est moins le cas aujourd’hui.
D’après une étude IFOP parue le 6 février 2024, menée pour Lelo, une personne sur quatre actuellement en couple n'a pas ou ne plus d'intimité physique avec son conjoint. Et si l'IFOP explique que cette "contraction de l'activité sexuelle s'inscrit dans un contexte de dissociation croissante entre conjugalité et sexualité", d’autres facteurs peuvent expliquer cette libido en berne.
L’un des plus communs est le manque de communication entre les partenaires, qui s’étend très souvent à l’intimité. Car, comme acquiesce Camille Bataillon, sexologue clinicienne à la tête du podcast Camille parle sexe, "la sexualité reste un tabou dans la société, il n’est pas toujours aisé d’en discuter frontalement dans le couple".
Alors, comment aborder ses questions sexo - à noter que la discussion autour du consentement ne fait pas partie de ces dernières, car elle doit être évoquée systématiquement avant d'initier des rapports - avec son partenaire, quand on est anxieux.se ou gêné.e à l’idée de se livrer ?
Pourquoi se sent-on gêné de parler de sexe avec son partenaire ?
Ce tabou s’illustre dans les chiffres. Seuls 4 Français sur 10 parlent régulièrement de sexualité avec leur partenaire, selon une étude réalisée en 2018 par le cabinet Harris Interactive pour Wevibe, relayée par BFM TV.
Une appréhension qui s’explique d’abord par un manque de mots. "On ne nous apprend pas à bien communiquer dans les relations. Très souvent, on n'a pas parlé de sexe avec nos parents et il arrive qu’on ne dispose pas des mots adéquats pour décrire ce qu’on peut ressentir", précise Camille Bataillon.
De même, si la discussion autour de l’intimité n’est pas engagée aux prémices du couple, il devient de plus en plus difficile d’imaginer aborder la chose, même si la frustration sexuelle s’installe, faute de communication. "Il peut y avoir une vraie crainte. On se demande ce que le partenaire va penser de nous, alors qu'on lui a 'menti' depuis plusieurs mois", poursuit la spécialiste.
Parfois, un éloignement ou la routine peut aussi creuser un fossé sexuel entre les partenaires. "Dans la sexualité, quand les hommes découvrent quelque chose qui marche pour leur partenaire, ils ont tendance à toujours faire la même chose et vont paniquer quand l’envie sera différente".
Un problème de communication aux lourdes conséquences
Et au fil du temps, les non-dits, frustrations et fausses croyances vont mener le couple droit dans le mur.
"Même chez des couples pour qui il n’y a pas ou plus de sexualité, il faut en parler. Sinon, il y a un risque de nourrir un effet cocotte minute, et que ça sorte de la mauvaise manière".
Toutefois, il est important de souligner qu’un passage à vide dans l’intimité ou une peur de parler sexualité avec son.sa conjoint.e n’est pas synonyme du début de la fin de relation.
"La communication améliore beaucoup de choses dans la relation, en général. Il faut créer un espace sécurisant où l’on peut tout se dire. Ces discussions rendront les rapports sexuels meilleurs".
Alors, comment s'y prendre ?
Parlez de vos craintes à votre partenaire
Même si cela est intimidant, n'ayez pas peur de vous montrer vulnérable, auprès de votre moitié. Assumer que ce sujet vous stresse ou vous gêne ne peut que désamorcer la situation.
"Parfois, cette première étape prend du temps, car il faut reconnaître ce qu’il se passe à l’intérieur de soi, avant même de l’aborder. À ce moment-là, vous pouvez commencer par dire à votre partenaire que le sujet de l'intimité vous stresse et lui demander s'il aurait un moment pour en discuter posément".
Décortiquer le processus peut, en effet, rendre le tout moins effrayant. "D'ailleurs, on n'est pas dans un contexte idéal pour se dévoiler, ou alors notre partenaire n'est pas disponible pour nous donner son attention pleine. Il vaut mieux se mettre d'accord sur un instant de détente, qui sera propice à la communication", recommande Camille Bataillon.
Ayez un message clair
Ensuite, évitez de confronter votre amant.e avec une liste de toutes les choses qui ne vont pas (ou qu'il fait "mal"). "Ayez un message clair. Vouloir tout dire c’est aussi ne rien dire", commente la sexologue.
Si vous avez du mal à trouver les mots, ou si une discussion directe vous effraie, vous pouvez aussi coucher vos pensées sur le papier. "Structurer sa pensée en amont peut être utile. En fonction de si l'on est à l'aise ou non, on peut choisir de donner la lettre, dans un premier temps, au partenaire, ou bien de lui lire directement", explicite l'expert.